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Résistances des plus pauvres à la misère : récit



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Extrait du livre Paroles de chômeurs, écrits d’inutilisés [1].

Quand j’entends les mots exclusion, exclu, j’ai pris le réflexe de demander : pour vous qui est l’excluant, l’exclueur ?

Exclusion est devenu le mot valise, le mot bidon, pour ne plus nommer la réalité sociale avec les mots qui étaient justes. Exclusion ou exploitation. Exclusion ou appauvrissement.

Ce mot exclusion illustre le pouvoir gigantesque des mots, les consensus que l’on peut créer en favorisant l’utilisation de certains mots : aujourd’hui, patronats, syndicats, gouvernements libéraux ou socialos, peuvent se retrouver à parler ensemble de la nécessaire « lutte contre l’exclusion ». Les pauvres sont censés ne pas parler, pour que les autres, progressistes, syndicalistes, ministres, assistants sociaux, parlent les pauvres, les parlent.

Comme d’ailleurs, si les dits « exclus» n’étaient pas auteurs, pères et mères, de luttes dans lesquelles ils cherchent à désigner, pouvoir désigner, dévisager l’excluant.

Les gens qu’on veut exclure (dans le Chili du général Pinochet, en 1973, dans les rafles des juifs en France collabo de 1942…), on les met souvent dans les stades de football. Le stade de foot, lieu où, toutes classes sociales confondues, tous âges et sexes mêlés, on célèbre la messe du jeu, le stade de foot devient le lieu où l’on met à l’écart ceux de trop.

[1] Paroles de chômeurs - Ecrits d'inutilisés, Editions du Cerisier - Collection Quotidiennes, 2010, 104 p.

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dernière mise à jour le 13 octobre 2010