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Réagir face aux injustices : des recours sont tentés |
Hier comme aujourd’hui, une forte mobilisation s'impose face au traitement injuste et d'une violence inouïe que subit la population la plus fragilisée ici et ailleurs. Un de nos moyens d’actions, parmi d’autres, pour résister est de mener des actions en justice notamment par l’introduction de recours pour la garantie des besoins fondamentaux. Mais nous ne sommes pas dupes. Nous savons combien, dans la conjoncture actuelle, ce type de résistances est marqué par de nombreux freins notamment en limitant de plus en plus l’accès à la justice pour les plus pauvres. C'est important de rendre visibles ces combats que nous portons avec d'autres pour refuser des législations, des pratiques qui fabriquent et renforcent des situations de misère et les inégalités. Nos recours (seul ou avec d'autres)Mendicité à NamurEn 2014, nous introduisons un recours au Conseil d’Etat contre le règlement mendicité de la Ville de Namur. Nous le faisons avec Jean-François, qui vit aussi grâce à la mendicité, et la Ligue des droits de l’Homme. En janvier 2015, un arrêt du Conseil d’Etat limite largement l’application. Dans les semaines et les mois qui suivent, la ville suspend son règlement. Pour la suite de la résistance en 2017-18, une action au Conseil d’Etat n’est plus possible. » Le mendiant est-il un délinquant ? : Les étapes du recours, le point de vue des acteurs L'exclusion des allocations d'insertionLe 31 décembre 2014, l’ONEM excluait plus de 18.432 chômeurs du droit aux allocations d'insertion. Et ça continue encore, encore. Dès le début, le mouvement LST s'est mobilisé aux côtés d'autres organisations pour dénoncer cette législation. En participant à des auditions parlementaires au côté des syndicats et d'autres associations, dans l'espoir de faire supprimer cette législation. En signant des pétitions collectives. En informant largement et en participant aux manifestations avec des militant(e)s. La fédération des CPAS se mobilisait aussi en dénonçant le glissement des « charges financières» de la sécurité sociale vers le niveau local des communes via les CPAS. En vain. Les seuls recours possibles étaient soutenus par des organisations syndicales et des démarches individuelles. Activations forcées : PIIS et service communautaireAvant, nous avions DROIT à un minimum de moyens d’existence : le Minimex. Mais diverses réformes intensifient la dimension contractuelle de son octroi, pour les 18-25 ans dans un premier temps et pour tous les bénéficiaires dès 2016. En 1993, des conditions sont ajoutées au Minimex : un contrat pour les jeunes de 18-25 ans. Dans le cadre de ce PIIS, le Ministre Borsus ajoute une condition supplémentaire : pour bénéficier du RIS, le demandeur intégrerait dans son projet (PIIS) l’engagement de prester un service communautaire « volontaire ». Cette nouvelle condition devait être mise en œuvre dès juillet 2018. C’est sur ce point précis de la Loi que nous avons rejoint un collectif d’associations pour porter le recours devant la Cour constitutionnelle. LST plaidait pour orienter ce recours sur la dénonciation des diverses formes de travail forcé imposées par les CPAS, mais nous n’étions pas suivis en cela par certaines associations dont le RWLP.
En 2018, Le Collectif Solidarité Contre les Exclusions a introduit un recours en collaboration avec la Ligue des Droits de l'Homme et d'autres associations dont LST auprès de la Cour constitutionnelle. Notre recours était recevable et nous l'avons gagné ! Plus d'info de fond sur ces sujets : » Rapport Général sur la Pauvreté(1994) Statut pour les accueillants familiauxUne nouvelle loi en matière d'aide à la jeunesse est entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2017 instituant un statut aux accueillants familiaux. Cette loi ne respecte pas la place et le rôle prioritaires des parents et de la famille d’origine. Principalement dans la facilitation liée au transfert de parentalité. Notamment pour des choix quant à des responsabilités parentales fondamentales telles que la santé, l’école, la religion, les loisirs ou encore les déplacements à l’étranger. Ce mépris, nous le recevons avec beaucoup de souffrance. Nous avions demandé de participer aux débats, mais nous n’avons ni été convoqués ni entendus. Dès lors, plusieurs associations de lutte contre la pauvreté présentes dans les diverses régions du pays (dont LST) se sont adossées, ce 4 novembre 2017, au recours introduit par l'ASBL D.E.I Belgique et des particuliers contre la loi fédérale instituant un statut pour les accueillants familiaux. Ce 28 février 2019, la Cour Constitutionnelle a rendu un arrêt positif sur ce recours. C’est une grande victoire, résultat de la mobilisation des plus pauvres et d’un long combat. Une chance pour toutes les familles. Découvrez ce que nous avons gagné et ce sur quoi notre point de vue a été entendu ! » Communiqué de presse Aide juridiqueLST s’est associé avec d’autres associations pour introduire des recours contre la loi du 6 juillet 2016 qui réforme l’aide juridique. L’aide juridique (le Pro Deo) est le droit fondamental d’accès à la justice pour les personnes qui ne peuvent assumer les frais d’avocat et de procédure. Si on touche au fonctionnement de l’aide juridique, on bafoue l’un des piliers les plus fondamentaux de notre société : le droit de chacun à être défendu. Le recours introduit devant la Cour Constitutionnelle dénonce également le recul important subi par le droit fondamental de l’accès à la justice pour une partie croissante de la population. Par arrêt du 21 juin 2018, la Cour constitutionnelle accueille partiellement le recours et annule l’obligation qui était faite aux personnes bénéficiaires de l’aide légale de payer une contribution de 50 euros à l’avocat qui leur est désigné. Au motif qu’il est contradictoire de faire reposer, même partiellement, le financement du système d’accès à l’aide légale sur les épaules des personnes qui, précisément par manques de ressources, y ont droit Avancées et reculsCes investissements et ces luttes produisent parfois des avancées gagnées par de longs combats et rapports de force. Mais souvent nous devons faire face à des reculs terribles. Énième suspicion de fraudeUne illustration de recul éloquente est à lire dans le rejet du recours, il y a quelques mois, concernant la loi organisant le croisement de données dans le cadre de la lutte contre les adresses fictives inhérentes aux prestations sociales. Il s’agit de permettre la vérification des compteurs d’énergie ou d’eau pour questionner la domiciliation réelle d’une personne. Que reste-t-il de la vie privée et de notre légitimité à gérer, comme nous le souhaitons, les consommations d’eau ou d’énergie, avec les moyens dont nous disposons ? Une loi qui nous inquiète profondément et que la Ligue des Droits de l’Homme avait pourtant demandé d’annuler. La Cour constitutionnelle, devant garantir les principes de notre Constitution, en a décidé autrement en validant cette législation. Selon cette nouvelle loi : « La plus-value de ce changement de politique se trouve dans le fait que le push d’une consommation extrêmement basse ou extrêmement haute, dépendant de la composition de ménage, permet d’activer un déclencheur d’alerte dans les cas où il n’y a pas encore une présomption de fraude. Cela signifie que les sociétés de distribution et les gestionnaires de réseaux de distribution enverront dorénavant automatiquement et électroniquement à la BCSS les données de consommation visées. Ces données serviront d’indicateurs supplémentaires afin de permettre aux services d’inspection sociale de mieux détecter la fraude au domicile » Cette nouvelle législation va donc imposer aux plus pauvres une nouvelle suspicion de fraude, de criminalisation. Comment va être interprété (sanctionné) le fait qu’avec nos maigres ressources nous mettons en place une série de « débrouilles» nous permettant de ne consommer que très peu d’électricité et d’eau à certains moments ? En quoi notre mode de consommation devrait-il conditionner l’octroi, la suspension ou la suppression de nos revenus ? Comme nous le dénonçons dans notre compagne de personnages « transparents» : « Pour les plus pauvres, tous les faits et gestes doivent être connus et répertoriés soigneusement dans les rapports sociaux ...Tout oubli dans ce qu'il faut mettre au jour sera considéré comme une tentative de fraude et dès lors, c'est l'arme alimentaire qui exerce une pression inouïe sur les personnes, les familles.» A ce sujet, consulter aussi : » Publication Regard des plus pauvres sur la répression et la 'criminalisation' de la pauvreté Entre bénévolat forcé et volontariat contrôléDans le cadre de la Loi contre le PIIS et le service communautaire le recours a été gagné et les « service communautaire » qui figurait dans le cadre du PIIS de la loi sur le RIS est supprimé de ce cadre légal. C’est une victoire pour la mobilisation associative et citoyenne .
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Contacts | dernière mise à jour le 10 octobre 2018 |