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Atelier thématique famille |
Lorsqu'on se rassemble pour parler de notre vécu, on parle avant tout de notre famille. Elle paie vraiment le prix le plus cher à la pauvreté ! Nous y avons nos références et nos racines. Nous y vivons des liens très forts et parfois douloureux. Elle devient trop souvent le lieu où d'autres décident pour nous. Nous voulons interpeller les services pour qu'ils tiennent compte de notre avis. Qu'ils s'engagent avec nous dans le combat pour une vie de famille digne. Pourquoi cet atelier ?Dès que l'on se rassemble à partir de notre quotidien de lutte contre la misère, le premier sujet dont on parle, c'est notre famille. C'est la famille qui a payé le prix le plus cher à la pauvreté, et c'est en même temps l'endroit de nos références, de nos liens les plus forts ou les plus douloureux, souvent vécus comme le résultat des choix des autres. Ce sont des juges, différents services, des institutions d'accueil qui ont déchiré nos familles au nom de la protection des enfants et de la jeunesse. C'est le lieu du mépris et de la condamnation la plus inacceptable : « vous n'êtes pas de bons parents ». Les pouvoirs les plus grands sont accordés à ceux qui, au nom de la société, sont garants de la protection de l'enfance ou de la jeunesse.
Depuis les premiers rassemblements à LST, nous disons, avec autant de force qu'on peut, qu'il y a moyen de faire autrement, que nous aimons nos enfants et que nous voulons pour eux le meilleur avenir. Que le problème est ailleurs : dans la qualité du logement, de la santé ou des revenus... Nous sommes dépossédés de nos responsabilités et de nos choix contre notre volonté. Avec une violence démesurée, sans entendre ni comprendre ce que nous voulons, ce que nous faisons, ce que nous pensons, ni ce que nous disons. Au nom du bien-être et de la sécurité des enfants, on impose le déchirement des familles et le placement des enfants. Par ailleurs, pour la plupart d'entre nous, c'était déjà notre histoire. Enfants, nous avons connu ce mépris des nôtres et ce placement qui cassait la fragilité de nos liens. Certains d'entre nous ne connaissent pas leur famille, ils n'ont jamais vu ou revu leurs parents depuis l'enfance. Ils n'osent pas prendre contact avec leurs nombreux frères et soeurs quand ils gardent un minimum de références. Et quand un lien se rétablit, c'est fragile et ça fait peur. Dans nos mémoires et dans nos coeurs, ces services d'aide sont un haut lieu de souffrance et de mépris. Nous sommes les meilleurs témoins de l'échec de la pratique qui déchire la famille. « J’ai perdu tout contact avec ma fille pendant 16 ans. Elle n’avait pas un an et sa maman m’avait quitté. J’aurais bien voulu la garder, la voir mais on ne m’a pas donné le choix. » C'est à partir de ce constat que nous avons voulu construire des moyens pour changer les choses. Nous devons être entendus. Mais avant tout, nous devons construire ensemble une parole qui nous permet d'oser affirmer, avec la force qu'il faudra, que nous voulons garder nos familles unies, et que nous en sommes capables. L’engagement pour la libération des pauvres n'est pas une priorité dans les politiques passées ou actuelles. C'est clair que chacun tout seul, nous n'y arrivons pas. Nous sommes trop petits face à la dimension du combat. C'est l'enjeu de tout le mouvement LST et d’autres. Un groupe de travail sur ce thème s'est réuni déjà avant le Rapport Général sur la Pauvreté dans les locales d'Andenne et de Namur. ObjectifsNous voulons que les services qui décident pour nous changent leurs pratiques. Qu'ils tiennent compte de notre point de vue et s'engagent avec nous dans le combat qui est le nôtre pour garantir les moyens, pour toute la famille, de vivre dignement. On ne peut pas imaginer un mieux-être pour les enfants sans engager toutes les énergies qu'il faut pour une promotion de leur lieu de vie, et de leur famille en particulier. Histoire & méthode de travail
Réunions au sein du mouvement et avec ATD Quart-MondeDans les années 1990, un groupe de travail sur le droit à la famille et sur le placement pour cause de pauvreté s'est organisé, d'abord à Namur et ensuite à Andenne. Avec le travail de collaboration au Rapport Général sur la Pauvreté, une délégation des deux groupes s'est engagée dans les débats qui ont abouti à la rédaction du sujet : « Famille ». L'investissement demandé par cet engagement et différentes prises de paroles comme par exemple pour « les Assises de l'Aide à la Jeunesse », ont engagé une nouvelle structuration en un seul groupe de travail pour tout le mouvement. Dialogue avec les pouvoirs publicsNous étions prêts, alors, pour assumer le défi proposé par Madame Onkelinx, alors Ministre de l'Aide à la Jeunesse. Il s'agissait de rencontrer la Direction Générale de l'Administration de l'Aide à la Jeunesse pour une évaluation du Décret (voir encadré). Nous pouvions nous appuyer sur l'aide logistique du Service de Lutte contre la Pauvreté.
Avec ATD Quart-monde, nous avons commencé un travail de rédaction
d'un texte qui nous permettrait de rencontrer ce lieu de pouvoir avec
l'appui d'une parole qui était la nôtre et qui expliquait
nos revendications. C'est en mars 1998 que nous avons, pour la première
fois, rencontré l'Administration. Avec l'Administration centrale, pendant plus d'une année, à raison d'une rencontre tous les mois, nous avons cheminé dans la lecture de notre texte, et nous avons souligné la place fondamentale de l'écrit dans les dossiers de l'Aide à la Jeunesse. Nous avons donc choisi, de commun accord, de commander une étude sur la place de la parole des plus pauvres dans les dossiers. Nous avons voulu associer des délégués à l'équipe d'accompagnement de la recherche. La recherche a été confiée à une équipe universitaire qui n'a pas respecté le contrat et le résultat est resté, de commun accord, dans les tiroirs. En même temps que la recherche, nous avons organisé l'élargissement du groupe de travail avec l'Administration. Nous rejoignent alors, dès 2001, des travailleurs de l'aide à la Jeunesse, mandatés par les différents secteurs des Services d’Aide à la Jeunesse (SAJ) et Services de Protection de la Jeunesse (SPJ). C'est le groupe « Agora ». Donc, à LST, le groupe de travail sur la famille se réunit une fois par mois avec des représentants de toutes les locales. A partir de notre histoire et de nos luttes, nous construisons une pensée commune. Cinq délégués de ce groupe rencontrent, tous les mois, les délégués du mouvement ATD et préparent ensemble les rencontres d'Agora auxquelles ils participent.
Réalisations
Après deux ans de travail en « Agora », nous avons rédigé un premier texte en commun. Mais la richesse des débats et l'engagement de tous les acteurs débordent ce que nous pouvons évaluer ici.
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dernière mise à jour le 19 octobre 2005 |